22 avril 2020 / Voyage
Comment je suis passé du Réflex à l'Hybride ?
Du Réflex à l’Hybride
Aujourd’hui je vais vous raconter comment, et pourquoi je suis passé du Réflex à l’Hybride, en l’occurence du Canon 5DIV au Fuji X-T3.
Tous les photographes connaissent ce dilemme, avant chaque voyage c’est la même question : quel matériel emporter ?
Cette question, je me la suis longtemps posée. Si lors de mon premier voyage en Inde en 2012 j’avais décidé de tout emporter (Canon 7D + 70-200, 24/70, 100mm, 50mm, 10/22), vous imaginez bien que c’était aussi idiot qu’inutile. A moins d’avoir un porteur ou d’avoir un réel besoin de toutes ces optiques pour un reportage photo qu’on vous aurait commandé. Et encore…
Puis progressivement, j’ai appris à m’alléger, prenant de plus en plus de plaisir à utiliser des focales fixes. Je me suis rendu compte que certaines de mes photos favorites avaient été réalisées avec l’excellent Canon 50mm F/1.4.
Finalement, je suis parti à Bali, en 2017, avec un 24/70, mon 50mm et un Tamron 90mm que je venais de gagner lors d’un concours pour “remplacer” le génial mais définitivement trop lourd 70-200. Et bien entendu, tout ce matériel était également trop lourd pour un voyage en mode “sac à dos”.
Puis finalement, début 2020, j’ai décidé de passer au “Mirorrless”, ces boitiers hybrides à visée électronique dont la qualité n’a cessé de croître depuis des années.
Je n’ai jamais été un geek. Je ne m’intéresse pas à tous les appareils photo qui sortent. Ca me gonfle vite. Donc le but de cet article n’est pas de vous parler des caractéristiques techniques des boitiers, mais bien de leur utilisation : leurs avantages et inconvénients. Aussi, je ne vais parler que de ce que je connais, à savoir le Canon 5DIV et le Fuji XT3.
Pourquoi avoir choisi le Fuji XT3 ? Un concours de circonstances on va dire. Parfois, il faut suivre son instinct. Plusieurs amis photographes utilisaient ce boitier pour leurs mariages et j’aimais beaucoup le rendu.
Si la photo de voyage est ma passion, ça n’est pas avec ce type de photographie que je gagne ma vie (malheureusement).
Il me fallait donc un boîtier que je pourrais également utiliser pour mon activité professionnelle de photographe de mariage.
Et ce X-T3 fait parfaitement l’affaire, notamment grâce à son double slot, ce système permettant d’enregistrer ses images sur 2 cartes SD différentes.
Encore fallait il que je sois sûr d’apprécier ce nouvel appareil photo et que je le maitrise suffisamment avant de débuter ma saison des mariages 2020. On ne se pointe pas sur un mariage avec du matériel qu’on ne maitrise pas parfaitement !
Passer du Réflex à l’Hybride ne se fait pas du jour au lendemain. Si le principe de la photographie est le même, la prise en main et l’utilisation sont assez différentes.
La vie d’un photographe de mariage est rythmée par les saisons. Nous travaillons principalement entre mai et octobre. Cela laisse un peu de temps pour voyager et profiter de la vie. J’ai donc 2 voyages récents effectués avec les mêmes focales (35mm et 85mm) mais pas le même boîtier : Canon 5DIV pour le Laos, et Fuji XT3 pour l’Inde.
Pourquoi l’Inde ? Il me fallait une destination où je pourrais m’adonner à mon exercice photographique favori : le reportage.
J’ai donc choisi la ville de Varanasi/Bénarès. Je voulais y aller depuis pas mal d’années, et c’était l’occasion parfaite pour découvrir cet endroit incroyable et tester ce Fuji XT3.
Je tiens à préciser que je n’ai pas de parts chez Fuji. Je ne suis pas non plus ambassadeur de la marque. Mais j’ai toujours aimé partager mes expériences, et je pense que cet article peut être utile si vous hésitez à passer du Réflex à l’Hybride. Il ne s’agit que de ma propre expérience.
Pour commencer, ce qui a réellement motivé ma décision de passer du Réflex à l’Hybride, c’est évidemment le poids et l’encombrement.
J’adore mon Canon 5DIV et il n’est absolument pas question de m’en passer. Il restera (je pense) mon boîtier principal lors de ma saison 2020, avec le Fuji en second boîtier. Du moins, pour le moment c’est comme ça que je l’entends. En pratique, je finirai peut-être, voire même très probablement, à n’utiliser que le Fuji.
Je souhaitais vraiment partir léger en voyage. Le Laos fut vraiment le “dernier coup de massue”. Le 5DIV avec mon 35 et mon 85 ont presque fini par me saouler, surtout quand tu fais un trek ou un trip en scooter. Tu te retrouves avec plus de matériel photo que de fringues.
Je suis parti une semaine à Varanasi avec un sac à dos qui m’a accompagné en cabine. Pour une semaine, pas besoin de 50 T-shirt, on peut voyager léger. C’était vraiment l’idée générale. Ce besoin de s’alléger, de voyager “libre” de toutes contraintes tout en gardant le plaisir et la possibilité de faire de belles photos sans faire de concession sur la qualité du matériel.
La visée électronique
Pas mal de personnes me disent qu’ils n’aiment pas le viseur électronique. Moi-même je me souviens d’un passage au Salon de la Photo en 2015 où j’avais testé un Hybride et n’avait pas apprécié non plus la vue dans le viseur.
Sauf qu’entre temps j’étais passé au Canon 5DIV et que je shootais de plus en plus en mode Live View (depuis l’écran), notamment parce que je m’étais également mis à la vidéo et avais donc pris l’habitude d’utiliser mon boîtier comme mon téléphone…
Je continue d’apprécier la photographie “classique” en utilisant le viseur de mon boîtier, surtout lorsque j’utilise des longues focales (au dessus de 85mm). Néanmoins, ma pratique ayant considérablement évoluée, notamment en utilisant le Tamron 35mm F/1.4 de façon quasi systématique sur mes mariages (ainsi qu’au Laos), j’en suis venu à regarder de moins en moins dans le viseur, et donc à ne plus être gêné par ce fameux viseur électronique de l’Hybride.
Et comme j’ai investi dans le 23mm F/1.4 (équivalent à un 35mm sur un plein format) et le 56mm F/1.2 (équivalent 85mm), je n’utilise finalement que très peu le viseur électronique de mon XT3. Nos pratiques photographiques évoluent (ou doivent évoluer), donc il ne faut jamais dire jamais. Il y a encore 1 an j’étais encore assez sceptique par rapport à l’Hybride. Mais lorsque j’ai commencé à découvrir les premières images réalisées lors de mariages, j’ai assez rapidement changé d’avis.
Si vous avez l’habitude de me lire, vous aurez pu constater que j’écris toujours beaucoup (trop). J’ai beaucoup de choses à dire sur ce passage du Réflex à l’Hybride. Des détails qui peuvent faire la différence.
Prise en main
L’un d’eux, auquel on ne pense pas forcément, parce qu’on a souvent tendance à se focaliser sur la qualité des images et leur rendu, ou les performances techniques de tel ou tel boîtier, c’est la prise en main. Si l’inconvénient majeur d’un boîtier Réflex est son poids et son encombrement, c’est également l’une de ses qualités finalement. En effet, quand on est un homme, on a souvent des mains un peu plus grandes que les femmes. Et oui, ça peut sembler idiot, mais quand on a de grandes mains (ce qui n’est pourtant pas spécialement mon cas), l’Hybride peut sembler un peu moins confortable dans son utilisation, notamment pour atteindre les différentes molettes, ou tout simplement équilibrer son boîtier lors de la prise de vue.
Cela ne m’a pas empêché d’apprécier l’utilisation du Fuji X-T3, mais ce manque de poids et la plus petite taille que mon Canon 5DIV m’auront parfois gêné dans ma réactivité. J’imagine qu’à terme, cela ne me posera plus de problème, mais si vous mesurez 2 mètres, cela peut ne plus être de l’ordre du détail…
L’écran orientable
L’une des choses que j’ai le plus appréciées sur ce Fuji X-T3 c’est son écran orientable. Un gadget ? Peut-être pas. S’il est bien connu qu’il faut souvent prendre de la hauteur ou s’abaisser pour prendre ses photos, cela peut parfois être compliqué suivant les situations, mais aussi votre souplesse. Autant vous dire que la souplesse n’est pas vraiment ma qualité physique principale. Alors je peux vous assurer que quand je voulais réaliser des images au ras du sol j’étais bien content de ne pas devoir me traîner par terre, et ce sans aborder la propreté des rues en Inde bien entendu.
Rendu et bokeh
Bon, si les spécificités que j’ai abordées juste au-dessus sont évidemment à prendre en compte, ce qu’on attend quand même en premier d’un boîtier, Réflex ou Hybride, c’est le rendu et la qualité des images.
S’il n’y a évidemment rien à reprocher au Canon 5DIV en terme de qualité (l’idée de cet article n’est surtout pas de penser ou laisser penser que l’Hybride c’est mieux), qu’en est il de ce Fuji X-T3 ?
Je pense que c’est vraiment ce qui m’a le plus séduit chez ce boîtier : le rendu des images, et notamment la texture qu’on retrouve dans l’arrière-plan (bokeh).
Je ne travaille qu’à pleine ouverture, sauf en photo de paysage, et encore. Je suis donc très sensible à la douceur du bokeh. C’est notamment ce qui m’a séduit avec le Tamron 35mm F/1.4 dont le rendu est absolument sublime.
Avec le Fuji 23mm F/1.4, le rendu est un peu différent. L’arrière-plan est moins fondu. Alors que les 2 optiques disposent de la même ouverture : F/1.4. Cela s’explique simplement par la différence entre le fait que le Tamron est utilisé sur un Réflex Full Frame (plein format), et le Fuji sur un boîtier APSC. On compare du coup un 23mm et un 35mm. Au plus la focale est longue, au plus l’arrière-plan est fondu. C’est clair pour vous ?
Ci-dessous, quelques photos réalisées au Fuji X-T3 avec le 23mm dont j’aime le rendu de l’arrière-plan qui reste suffisamment visible pour conserver le contexte de la photo.
Et là, quelques photos prises avec le Canon 5DIV et le Tamron 35mm F/1.4 au Laos. Appréciez le fondu impressionnant de l’arrière-plan pour une focale aussi courte :
Si vous souhaitez voir plus d’images réalisées dans un autre contexte avec ce Tamron 35mm F/1.4, je vous invite à lire l’article que j’ai écrit sur cet objectif.
Quid du contre-jour ?
J’adore photographier à contre-jour ! Je me régale toujours lorsque, lors d’un mariage, un invité vient me dire “mais là vous ne pouvez pas photographier, vous êtes à contre-jour !”. Je lui réponds que c’est justement tout l’intérêt !
Mais pour cela, il faut du bon matériel. Essayez de réussir une photo à contre-jour avec un téléphone, ou un boîtier d’entrée de gamme avec un objectif peu qualitatif…vous verrez que c’est assez compliqué.
De ce côté, égalité parfaite entre le 5DIV et le X-T3. Les 2 font parfaitement le job. Bien entendu, il n’y a pas que le boîtier qui compte. Dans ces conditions de prise de vue difficile, il faut un objectif capable de gérer la lumière intense, du point de vue de l’auto-focus, comme de celui du rendu de l’image obtenue. Certains objectifs ne sont pas conçus pour ce type de condition lumineuse.
Je n’ai pas de préférence entre les 2. Si j’avais eu un coup de coeur sur le rendu du Tamron 35mm F/1.4, je dois bien avouer que j’aime tout autant le rendu du Fuji 23mm F/1.4.
Discrétion
Un avantage non négligeable du Fuji X-T3, logiquement associé à son encombrement moins important qu’un Réflex classique : sa discrétion. Même si en Inde on peut assez facilement s’approcher des gens pour les photographier, ça n’est pas le cas partout. Dans la mesure où j’associe ce boîtier à mon activité professionnelle, cette qualité peut s’avérer intéressante en mariage également.
Bien que dans ce cas, j’ai parfois lu que certains mariés/invités accordaient du crédit et du sérieux à un photographe avec beaucoup de matériel, et encore plus quand celui-ci est costaud et encombrant…à méditer. Personnellement je ne suis pas spécialement d’accord avec ça, et je trouve ça d’autant plus amusant de réaliser de belles images avec un “petit” boîtier tel que les Hybrides par rapport à certains photographes amateurs disposant d’un matériel professionnel sans en avoir réellement la maîtrise. Mais là n’est pas le sujet.
Au Laos, je me suis frotté à plusieurs refus de la part de gens qui ne souhaitaient pas que je les photographie. Bien que je n’associe pas cela à la taille du Canon 5DIV, et ce d’autant plus qu’il était associé à un 35mm, nos appareils photos peuvent faire peur à certaines populations locales, notamment chez les plus âgés, ou dans certaines tribus associant encore la photo au vol de l’âme.
Je mets un petit bémol sur tout cela car en Inde ça m’est arrivé également, même avec le Fuji. Cependant, les refus restent assez rares et ne sont donc pas liés à la taille de l’appareil photo.
Dans tous les cas, pouvoir s’approcher discrètement de ses sujets et ne pas les gêner et toujours un plus.
Réactivité
Alors là, égalité ! Les 2 boîtiers sont au top à ce niveau. Il me semble qu’ils supportent tous 2 une cadence de 9 Images/seconde en mode rafale. N’étant pas un adepte de la rafale, là aussi je m’y intéresse peu, mais il m’arrive de l’utiliser quand même sur quelques scènes (lors du lancer de bouquet en mariage par exemple).
Toujours est il que ce sont vraiment 2 boîtiers très réactifs, en terme de suivi d’AF ou de déclenchement.
Quand vous avez une horde d’enfants qui déboule dans la rue devant vous, il serait dommage de ne pas avoir un appareil capable de suivre leurs mouvements totalement désordonnés et difficiles à anticiper.
Rendu couleurs
Ca par contre ça compte beaucoup pour moi. Surtout que depuis mes débuts photographiques je travaille avec des boîtiers Canon. J’adorais le rendu du 6D et apprécie tout autant celui du 5DIV. Mais qu’allait il en être du Fuji X_T3 ?
Comme je vous l’ai dit, j’avais déjà eu l’occasion de voir plusieurs images réalisées avec ce boîtier. Mais à l’heure de la photographique moderne où le traitement des images prend une place importante dans le rendu, il n’est pas forcément évident d’obtenir un rendu qui nous convienne suivant les boîtiers et notre façon de photographier.
Une chose est sûre : après cette semaine d’utilisation du X-T3 à Varanasi, je peux vous dire que j’adore le rendu ! Que ce soit sur les fichiers R.A.F (le format brut) mais surtout sur le rendu obtenu après mon traitement.
Pour illustrer mon propos, je vous propose quelques avant/après qui vous permettront de voir le travail effectué sur les images, mais aussi de se rendre compte de la qualité de l’image de base.
Quid de la photo en basse lumière ?
Là par contre, l’avantage reste au Canon 5DIV.
Bon, allez je nuance mon propos : je shoote assez rarement au dessus de 3200 ISO. Il en est de même sur mes mariages. Même avec le 5DIV qui supporte largement une montée jusqu’à 12800 ISO. Toutefois les fichiers sont quand même assez difficiles à traiter et si le rendu peut être correct sur écran, il peut s’avérer catastrophique en tirage papier.
Côté Fuji, je ne l’ai pas repoussé dans ses retranchements, j’ai tendance à ne pas suffisamment monter dans les ISO. Les images ci-dessous ont été faîtes à 3200 et 800 ISO. Dans tous les cas, je n’ai jamais été un gros amateur de photos de nuit, donc…je dois avouer que ça n’est pas forcément l’élément que je prends le plus en compte lors du choix d’un nouveau boîtier.
Ce qui ne m’empêche pas d’apprécier le rendu de ces images de nuit ou au crépuscule.
Le look !
C’est con, mais le look ça joue un peu. Beaucoup ?
Si la question ne se posait pas vraiment pour l’achat d’un réflex dont le look compte assez peu avec des boitiers qui se ressemblent tous entre les marques, je dois bien avouer que le look du Fuji X-T3 m’a réellement séduit ! Il existe en 2 versions : noir, ou silver. Et j’ai vraiment aimé la version silver avec son côté retro.
Je trouve aussi très sympa de pouvoir régler l’ouverture directement sur l’objectif. Bien que je considère ça comme un point négatif parce que je shoote quasiment systématique à pleine ouverture, et que la bague est assez lâche, ce qui fait qu’il faut sans cesse vérifier que ça n’a pas bougé tout seul.
On règle également les différents paramètres de façon manuelle avec les molettes sur le boitier. C’est vraiment ça qui fait que les habitudes changent pas mal entre le Réflex et l’Hybride, bien qu’on puisse personnaliser la configuration de son Fuji. Ce sont des habitudes qui changent. Et heureusement, on s’y fait vite. Ou pas…
Et enfin…
Voilà ce que je pouvais dire sur ce passage du Réflex à l’Hybride. Vous l’aurez compris, je ne descends pas du tout les boîtiers “traditionnels”, bien au contraire. Je ne suis pas encore prêt de me séparer de mon Canon 5DIV, mais une chose est certaine : lors de mon prochain voyage, je sais déjà qu’il ne m’accompagnera pas !
Les éventuels désavantages de l’Hybride par rapport au Réflex traditionnel sont facilement contournables, notamment l’autonomie limitée. D’une part les batteries sont peu chères, il suffit d’en acheter en conséquence. D’autre part, dans la mesure où les écrans des Réflex sont de plus en plus énergivores, finalement, ce problème d’autonomie n’est plus vraiment d’actualité.
Reste la solidité des boîtiers. Le Fuji n’est pas tropicalisé (Edit : le X-T3 est bel et bien tropicalisé. En revanche tous les objectifs ne le sont pas). Il ne supporterait probablement pas une humidité extrême ou un froid extrême. Mais dans la majorité des cas, en mariage ou en voyage, il fera parfaitement l’affaire pour voyager et travailler léger avec du matériel de qualité !
J’espère que cet article vous a plu et qu’il aura pu vous aider si vous envisagez une transition du Réflex à l’Hybride. N’hésitez pas à le partager autour de vous et merci pour votre intérêt.